mercredi 3 octobre 2007

LE CORDONNIER

Durant toute l'antiquité, Babylone garda le secret de la fabrication du maroquin.
Ce savoir fut ensuite le bien des Arabes qui l'implantèrent en Espagne.
Cordoue fut, au Moyen Age, le centre du travail du cuir de luxe, appelé en raison de son origine, cordouan.
Ceux qui le travaillaient furent les cordouaniers, qui devinrent rapidement cordonniers.
Les sueurs, du latin suere signifiant coudre, étaient les ouvriers de la chaussure.
Le développement des cordonniers engloba rapidement les sueurs.
La première qualité du cordonnier est de reconnaître la qualité du cuir, unique matière qu'il emploie. "Saint-Crépinien priez pour moi", a dit durant des siècles le cordonnier à ses saints patrons, tant la vie est dure pour un gagne-petit comme lui.
Son atelier est une modeste échoppe, et son établi une simple planche posée à même les genoux. Jusqu'au début du XIXe siècle, il fait les chaussures. Cela exige de nombreuses opérations exécutées sur les deux pièces principales, la tige et la semelle. La tige, formée de cuir, se compose de parties découpées sur des patrons variés, cambrées sur des formes appropriées, cousues entre elles par des piqûres et garnies de boutonnières.
La semelle, comprenant aussi le talon, est faite de cuir fort, cambré et fixé au bord de la tige. Ces pièces terminées, le cordonnier passe au montage puis au finissage, gardant toujours ce sens de la précision nécessaire à la bonne fabrication.



Le découpage du cuir se réalise à l'aide de tranchants et de couteaux complétés de pinces coupantes, les marteaux sont galbés. Poinçons et vrilles servent au cordonnier à percer le cuir pour préparer la couture qui se fait avec des alènes.
Celles-ci reçoivent un fil rendu plus résistant grâce à la poix dont il est enduit. L'astic, barre en bois ou en os, ainsi que les limes et râpes lui permettent de finir son ouvrage.






Jusqu'à la guerre de 1914, le port de la chaussure était un événement, voire une promotion sociale. Le sabot était la chaussure du pauvre, donc de tous les paysans.
Plus la chaussure était faite dans du gros cuir, plus elle avait de valeur en raison de sa solidité.
La première paire de chaussures vernies et montantes était protée le jour du mariage. On la gardait toute une vie, pour les baptêmes ou les enterrements. Le cordonnier la ressemelait, la ferrait pour la faire durer. La cirer relevait d'un cérémonial.
Bien souvent, l'échoppe du cordonnier était le lieu de rencontre et d'échange des nouvelles de tout le village. Petit à petit, le cordonnier devint marchand de chaussures, fabriquées de plus en plus industriellement. Ou alors, lorsque la fortune ne lui avait pas souri, il était simplement ressemeleur et réparateur.
Le métier n'a jamais entièrement disparu, car le port de la chaussure, durant tout le XXe siècle, n'a cessé de se développer.