lundi 2 avril 2007

METIERS OUBLIES ... LA LAVANDIERE

Le mot lavandière est lié à celui d'eau fraîche, de source et de linge qui sent bon la lavande lorsqu'il est soigneusement repassé et empilé dans l'armoire.
Chaque village a son lavoir couvert près d'une fontaine ou d'une rivière.
La lavandière commence par faire tremper son linge dans l'eau. La plupart du temps, il subit un premier savonnage. Puis il est entassé dans un cuvier, en commençant par le linge fin. Le tout est recouvert d'une grosse toile nommée cendrier, ou charrier, sur laquelle on étale une couche de cendres. on y verse alors de l'eau bouillante qui fait dissoudre le carbonate de potasse et traverse tout le linge. La lessive s'écoule par un trou ménagé à la partie inférieure du cuvier ; on la réchauffe dans la chaudière et on la fait de nouveau passer sur le linge.




ci-contre : Planche à laver sur laquelle on frotte le linge.
La lavandière lave ensuite son linge à l'eau courante. Elle le fait à la source, à la mare, le long du ruisseau ou de la rivière. Le lavoir peut être construit ou même aménagé en bateau-lavoir amarré à la berge. La lavandière se sert de son bac, appelé garre-genoux, pour s'y accroupi, et de son battoir pour battre le linge. Un gros savon et une brosse complètent son outillage.
Une fois lavé, il faut essorer le linge, puis le faire sécher. Le métier, pratiqué quelles que soient les conditions météorologiques, est des plus durs. Le lavoir, souvent situé loin de l'habitation, nécessite de longs voyages à la brouette, et les petites filles aidaient très tôt leur mère à transporter le linge.
Il arrivait que l'on ne fasse qu'une grande lessive de draps et torchons, une fois par an. C'était là un évènement mobilisant toutes les énergies. Et il en fallait pour mouvoir ces lourds draps de lin dans l'eau claire.
Le lavoir était le lieu privilégié des rencontres féminines, un peu comme le café pour les hommes. Les nouvelles du village circulaient vite et les langues allaient bon train.



ci-dessus : Au bord de la rivière, les laveuses, agenouillées dans leur "carrosse", caisse où l'on met de la paille, savonnent leur linge puis utilisent le battoir.

METIERS OUBLIES ... LE MATELASSIER

Durant des siècles, on dormit sur des paillasses bourrées de varech, de balle d'avoine ou de paille.
Elles étaient posées directement sur le bois du fond du lit, lit ordinaire ou lit clos. Le matelassier permit d'introduire un plus grand confort dans les foyers. Les matelas furent alors remplis de crin, de bourre ou de laine.
Le matelassier se rend dans les fermes pour les rénover. Il redonne à la laine sa souplesse d'origine en la cardant. Les cardes plates sont des planches de bois munies de dents métalliques recourbées en sens inverse.
L'artisan se sert aussi d'une planche horizontale, sur laquelle il s'assied, ou d'une carde circulaire faite d'un grand tambour tournant, autour duquel des cylindres fonctionnent à des vitesses inégales. La laine ou le crin sont ainsi aérés.




ci-contre : peigne à carder.

Le plus souvent, la boutique du matelassier se trouve sur la place du village et, le jour du marché, les agriculteurs lui apportent leurs matelas à rénover.

Par la suite, chaises et fauteuils Voltaire entrent dans les fermes ; le matelassier les rembourre aussi lorsque cela est nécessaire.

METIERS OUBLIES ... LA BRODEUSE ET LA DENTELLIERE

Voici un des rares métiers artisanaux féminins des plus anciens et couramment pratiqué en France depuis le Moyen Âge.

Le métier de dentellière nécessitait un très long apprentissage que l'on devait commencer jeune, afin d'acquérir une grande dextérité.
Les dentellières sont professionnelles, ou pratiquent un artisanat saisonnier.



Quelle patience fallait-il avoir pour créer des voiles les plus légers évoquant des fleurs ou des formes géométriques variées.
Certaines régions ou villes en tirèrent leur réputation.
Alençon, Bruges, Chantilly, Malines, Valenciennes, le Puy ou encore Gênes se spécialisèrent chacune dans des styles et des techniques très différents.


ci-contre :
une coiffe tourangelle, aux motifs floraux stylisés, posée sur une marotte.






Chaque région, voire chaque village, a ses costumes de fête spécifiques. Les dentelles faites de fils très fins s'entrecroisant sont réalisées à l'aiguille, au fuseau ou au crochet. La dentelle a l'aiguille nécessite préalablement la réalisation d'un patron sur papier. En suivant ce tracé, les fils du bâti forment le support sur lequel viennent se fixer les autres fils donnant la dentelle.
Les fuseaux sont croisés sur un métier, appelé tambour, carreau ou coussin, sur lequel le motif est indiqué par des aiguilles de couleur que l'on déplace au fur et à mesure du travail.



Toutes les classes de la société raffolèrent de la dentelle pour enrichir l'habillement civil, militaire ou religieux, pour décorer l'habitat ou pour embellir le linge de maison (draps, taies d'oreiller, serviettes, etc...).
Il est touchant de penser que les femmes, après avoir travaillé dix à douze heures à la ferme ou aux champs, prennent la peine de broder ou de faire de la dentelle le soir afin de réaliser le voilage et l'habillement du nouveau-né, créant ainsi un environnement d'espoir et de joie dans une époque particulièrement difficile.





Les classes populaires rurales se distinguent, les jours de fêtes, par la beauté de leurs coiffes et de leurs vêtements. Le désenclavement des campagnes et les petits prix des vêtements industriels entraînent la normalisation du costume et conduisent progressivement au déclin puis la disparition du métier de dentellière.